La démarche des ateliers des territoires sur Chaumont, Bar-le-Duc et Saint-Dié-des-Vosges, à partir de la question patrimoniale, devra permettre de fonder une stratégie en prise avec ces territoires, pour que les centres anciens puissent bénéficier de/à leur territoire.
La question touristique est, à ce titre, majeure, car elle doit permettre d’interroger les temporalités du centre-ancien et son hospitalité : Comment le centre ancien peut-il être accueillant, pour chacun ? Comment peut-il répondre aux attentes de l’habitant ou du visiteur ? Comment peut-il évoluer tout en préservant l’intelligence territoriale qui l’a fondé et transformé, jusqu’à nos jours ? Qu’est-ce qui le différencie mais qu’est-ce qu’il partage avec son territoire ?
A travers la notion d’hospitalité, il s’agira de réfléchir, durant les ateliers, à ce qui peut nous amener à venir dans le centre ancien, pour y séjourner ou y habiter : des espaces publics ? des services ? commerces ? des logements désirables ? la possibilité de s’investir dans son espace quotidien ? Cette dernière dimension renvoie à l’idée que la ville, et à fortiori le centre ancien, est une oeuvre collective, dont l’évolution dépend de la conscience qu’ont ses visiteurs et ses habitants d’être en capacité de contribuer à sa préservation et à son évolution. Si cet enjeu dépasse celui des ateliers, il devra néanmoins être pris en compte, afin que les stratégies qui émergeront, à Saint-Dié-des- Vosges, Chaumont et Bar-le-Duc puissent faire de chaque individu un « créateur.
Les établissements humains se sont, tout au long des siècles, fondés et développés en prenant appui sur un territoire spécifique et sur la mobilisation de ses ressources. Les modes d’établissement, leurs formes, leurs évolutions ont été intimement liés à ce territoire. Les évolutions des établissements humains générèrent donc progressivement, par tâtonnements successifs et acculturation, la constitution d’une intelligence locale, c’est-à-dire l’agrégation dans une culture et dans un système des capacités développées. Il s’agit notamment de la capacité de mobilisation des ressources locales de manière pragmatique et économique, sans nuire à leur régénération.
Ces intelligences territoriales, progressivement constituées, par l’agrégation de savoir-faire et de significations liées à ceux-ci, se matérialisent dans le territoire sous différentes formes : à travers des édifices, par des aménagements (cours d’eau, voies) ; par des modalités de culture du sol (agriculture, forêts…), par des industries (transformations de ressources locales et savoir-faire). Tous ces artefacts confèrent à chaque territoire sa spécificité, en mettant en place un processus continu et attentif de co-évolution entre les sociétés humaines et le territoire.
Plutôt que de s’intéresser au « produit » (bâtiment, infrastructure, activité économique…), on va d’abord, dans le cadre de la démarche d’Atelier des territoires, s’intéresser aux processus qui les ont produits. En s’intéressant aux ressources territoriales et aux intelligences territoriales, on se proposera de construire une compréhension partagée des conditions avec et à partir desquelles les sociétés humaines se sont implantées et développées dans ce territoire. La notion de patrimoine, au sein de l’atelier, ne se résumera donc pas à des « objets » mais intégrera également des processus, qui interrogeront la territorialisation (processus d’établissement et évolution) des établissements humains dans le futur des territoires étudiés.
On postule ainsi que la compréhension de ces processus permettra de formuler une stratégie pour un futur désirable qui soit pleinement construite en intelligence avec le territoire, en prenant ce dernier comme héritage à s’approprier collectivement et à transmettre. La condition de cette transmission nécessite d’inventorier et de comprendre les ressources et les héritages territoriaux.